Le scribe juif.
Le mot hébreu que l'on traduit par "scribe" est sôfer (au pluriel : sôferîm ; en araméen : safrâ), participe présent du verbe sâfar, qui signifie "compter", et dans ses formes dérivées : "raconter", "énumérer", "faire connaître", "dire".
Le scribe utilise une plume d'oie ou de bambou, qui permet une écriture remarquable, elle est retaillée environ toutes les 15 pages.
Le parchemin, fabrication : On laisse tremper la peau de veau, dans un bain de chaux, qui permet ensuite d’ôter facilement, par raclage au couteau, la laine ou les poils. Seul le derme doit être conservé : il faut enlever l’épiderme et, du côté chair, la couche de graisse. On tend fortement la peau sur un châssis. La tension modifie la structure du derme, rendant le côté chair aussi lisse que le côté poil (la " fleur "). La peau est soigneusement écharnée avec un outil métallique ; elle peut être encore amincie des deux côtés au couteau et, une fois sèche, polie à la pierre ponce et à la poudre de craie si l’on veut blanchir le côté chair, naturellement plus jaunâtre, pour donner aux deux faces la même apparence.
Le parchemin ainsi obtenu est découpé en feuilles. Cousues les unes aux autres, elles forment un rouleau ; pliées et réunies en cahiers cousus ensemble, c’est un codex.
Les meilleures peaux sont celles de jeunes animaux ; la plus réputée, celle du veau mort-né, a donné le terme " vélin ", qui désigne plus largement les parchemins de qualité supérieure.
Des lignes de délimitation du texte y sont gravées et l'on écrit sous la ligne.
On utilise seulement de l'encre noire qui doit être permanente et non effaçable dont la composition est souvent des secrets de famille. (a base de végétaux )
Pour écrire un sôfer torah il faut environ 1200 h (environ 5 à 8 h par jour ) Il se compose de 62 à 84 larges feuilles de parchemin tanné, gratté et préparé selon de minutieuses instructions halakhiques (l'institution juive regroupant les lois, sentences et prescriptions religieuses). Il contient exactement 304 805 lettres dont l’écriture dure de nombreux mois.
Il existe d'ailleurs la tendinite du poignet du scribe.
S'il y a une erreur on gratte la lettre ou partie de la lettre avec une lame à rasoir pour ensuite la corriger.
La vérification des écritures est un autre métier, aujourd'hui faite manuellement et par ordinateur à l'aide d'un scanner et d'un programme qui recherche les lettres en trop ou manquantes, les problèmes d'écart entre les lettres ou les mots. Les erreurs d'écriture et d'orthographe se marquent non pas en noir mais en couleur ainsi que les trainées d'encre. Mais la correction reste manuelle.
Il n'y a pas de chômage chez les scribes. C'est une passion et une vocation. Chaque lettre doit être parfaite, c'est un travail à la fois d'artiste, d'artisan, d'esthétique et passe impérativement par l'apprentissage de la loi juive.
Un rouleau de torah est souvent lu et s'use et il faut donc sans cesse en réécrire.
Les feuilles de parchemins sont ensuite cousues ensemble avec des fils de nerfs pour former un long rouleau. Alors que la plupart des Sefer Torah font une soixantaine de centimètres de haut et pèsent une dizaine de kilos, certains sont gigantesques et très pesants et d’autres exceptionnellement petits, paraissant être des jouets.
Selon les rabbins la Torah ( 5 premiers livres de l'ancien testament ) a été écrite par Moise sous la dictée divine.
D'après les historiens, les récits se transmirent oralement de génération en génération pendant plusieurs siècles. C'est sans doute à la cour du roi David (à partir de l'an -1000) que les scribes et les historiens du roi collectèrent tous ces récits, qui sont la mémoire collective du peuple juif, et commencèrent à les mettre par écrits.
Les scientifiques considèrent que la rédaction de la Torah ainsi que les autres livres, fut terminée pendant le règne du roi Josias (livre de Jérémie ch :2 à 12 ) au 7e siècle avant notre ère. Le reste fut écrit probablement après le retour d'exil de Babylone entre le 5e et le 2e siècle avant JC.
Estras (15ème livre de la bible) était scribe.